Taxe foncière en hausse : «Ça devient compliqué d’être propriétaire»
Christophe Demerson, président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI), s’inquiète des conséquences inflationnistes de la suppression de la taxe d’habitation sur l’impôt foncier.
La hausse rapide de l’impôt foncier devient problématique, selon Christophe Demerson, président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers. D’autant plus que rien n’indique qu’elle va se tasser.
La taxe foncière a augmenté de 27,9 % en dix ans, mais de « seulement » 11,4 % ces cinq dernières années. Est-ce une bonne nouvelle ?
CHRISTOPHE DEMERSON. Sur la décennie, c’est trois fois plus que l’inflation ou l’augmentation des loyers. C’est énorme. Et le léger ralentissement observé sur cinq ans est trompeur. Il faut prendre conscience de ce qu’il se passe en parallèle de la suppression de la taxe d’habitation. Les collectivités locales créent ou augmentent les taux des petites taxes comme la Gemapi (pour la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations),la taxe spéciale d’équipements… Avec à chaque fois des frais de gestion (de 3 % sur la taxe foncière, mais de 8 à 9 % sur les taxes annexes), qui font grimper l’addition, alors que tout est informatisé. Et les propriétaires de résidences secondaires passent aussi à la caisse car de plus en plus de communes alourdissent la taxe d’habitation comme la loi le leur permet. Nous l’avions prédit : la suppression de la taxe d’habitation se révèle bien être un jeu de bonneteau fiscal.
Voyez-vous cette hausse se tasser ?
Je suis sûr qu’elle va se poursuivre sur le même rythme. Par exemple, les propriétaires bailleurs vont devoir faire des travaux de rénovation thermiques pour les logements classés G, F et E, sinon ils ne pourront plus les louer respectivement à partir de 2025, 2028 et 2035. Mais plus les propriétaires bailleurs – tout comme les propriétaires occupant d’ailleurs – seront vertueux en la matière, plus leur impôt foncier va augmenter. Car l’administration fiscale va considérer que leurs logements sont plus confortables et leurs bases locatives seront révisées à la hausse. Une opération semblable s’était déroulée en Isère en 2019 et nous l’avions dénoncée.
Taxe foncière : où en est votre commune ?
La réforme des valeurs locatives en 2026 est-elle aussi une source d’inquiétude ?
On nous dit qu’elle se fera à produit constant pour les collectivités, mais on n’y croit pas vraiment. Nous demandons de la transparence et des garde-fous : on trouve bien les moyens d’encadrer les loyers, donc encadrons les taxes foncières ! Aujourd’hui, le coût moyen de l’impôt foncier est de 2,3 mois de loyer. Ça devient compliqué d’être propriétaire.
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