Bâtiment passif : l’énergie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas
Par Batinfo Source : La Maison Passive
Les prix de l’énergie flambent, conséquence de la reprise économique mondiale et de notre dépendance énergétique, principalement au regard des énergies fossiles, gaz et pétrole.
Exemple pour le gaz : chauffage et l’eau chaude d’un appartement entre 70 et 80m²
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a estimé, à partir du calculateur Wattissime (cité dans la revue Capital), qu’un couple vivant dans un appartement de 80 m² à Lyon allait voir sa facture de gaz pour le chauffage et l’eau chaude passer de 93,50 € par mois à 144,65 €, soit une augmentation de 51,15 € entre janvier 2021 et octobre 2021 (+54,7%).
Dans un bâtiment passif : Le faible appoint de chaleur nécessaire pour chauffer les appartements passifs est souvent apporté par une mini-chaufferie collective alimentée au gaz. Pour un appartement passif de 70 m², une enquête récente[1] portant sur 700 logements passifs construits entre 2010 et 2018 montre que la dépense moyenne des ménages pour leur chauffage et l’eau chaude est seulement de 20,83 € par mois. Avec le même taux d’augmentation, cette dépense pourrait passer à 32,30 €, soit une augmentation de 11,47 € par mois…
Exemple pour le chauffage et l’eau chaude d’une maison individuelle
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a aussi estimé qu’un ménage avec deux enfants vivant dans une maison de 120 m² à Rennes allait voir sa facture de gaz pour le chauffage et l’eau chaude passer de 136,88 € par mois à 217,38 €, soit une augmentation de 80,50 € (+58,8%).
La facture moyenne d’énergie dans le logement des français est de 134 € par mois (source Ministère de la Transition Ecologique) pour une surface moyenne de 101,8 m² (source Eurostat), soit 1 608 € par an, ce qui revient à 15,8 € par m² habitable et par an, soit 2,8 fois plus élevé que pour une maison passive !
En effet, pour les maisons passives : La plupart des maisons passives recourent à l’électricité et n’ont pas besoin de gaz, lequel demande un abonnement supplémentaire puisque l’électricité est de toute façon incontournable. Aussi les maisons individuelles passives se chauffent avec à un appoint électrique associé parfois à un poêle à bois.
La consommation moyenne des maisons individuelles passives est de 3 950 kWh pour une surface de 142 m² (échantillon de 61 maisons individuelles passives)[2]. Cette consommation comprend l’ensemble des usages de la maison (y compris les appareils audiovisuels, informatiques, électroménagers) et représente une dépense de 67 € par mois (52,7 € de consommation et 14,3 € d’abonnement), soit 804 € par an, ce qui revient à 5,7 € par m² habitable et par an.
Si l’on ne considère que le chauffage, la dépense réelle de chauffage d’une maison passive de 100 m² est en moyenne de 220 € par an et on a rencontré beaucoup de propriétaires de maisons individuelles passives qui ne dépensent en chauffage que 1 euro par m² et par an, soit seulement 100 € par an !!! (à comparer aux 15,8 € par an pour la moyenne nationale).
Les bâtiments passifs : le vrai bouclier tarifaire pour l’énergie, avec en plus une garantie de confort et de qualité de l’air intérieur
Selon le gouvernement, le prix de l’électricité devrait augmenter de 4% en février 2022. Les hausses du prix de l’énergie ne vont impacter les occupants de maisons passives que de façon très marginale, moins de 3 € par mois tous usages compris !!
Les bâtiments passifs (appartements, maisons mais aussi bureaux, écoles…) sont des bâtiments très sobres au plan énergétique : ils consomment deux à trois fois moins en moyenne qu’un bâtiment récent et sont beaucoup moins sujets aux évolutions des prix de l’énergie.
Leur performance énergétique est garantie par une ingénierie qui conçoit des bâtiments très bien isolés, supprimant la quasi-totalité des ponts thermiques et assurant une étanchéité à l’air optimale (4 à 6 fois meilleure que les bâtiments conventionnels les plus récents) tout en respectant les principes hygiéniques (renouvellement d’air)[3]. La ventilation double flux assure une bonne qualité de l’air intérieur (particulièrement importante pour un bon apprentissage dans les écoles).
C’est pourquoi les bâtiments passifs assurent un confort (qui surprend parfois les visiteurs) tant dans les logements que dans le tertiaire (école, bureau, maison de retraite, etc.) avec une absence de paroi froide et de courant d’air (la température est quasi constante à tous les endroits du logement) et une stabilité de la température, y compris l’été (avec une bonne gestion des protections solaires lors des périodes estivales). Le bâtiment passif permet d’éviter les besoins de climatisation (ou les réduit fortement dans les bâtiments tertiaires).
Sa principale contrainte est qu’il ne supporte pas les malfaçons et les erreurs de conception, faute de quoi, il perd en efficacité et il faut alors compenser par des consommations d’énergie supplémentaires (ce qui est aussi le lot des bâtiments conventionnels !).
En France, ce sont plusieurs milliers de bâtiments qui atteignent le standard passif (labellisé ou non) et contribuent aux engagements de l’Etat de réduire de 50% la consommations d’énergie des bâtiments et de 84% les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments à l’horizon 2050.
Les bâtiments labellisés passifs représentent une surface construite de 274 000 m² dont la moitié environ sont des logements et l’autre moitié des bâtiments tertiaires, publics ou privés, pour un ensemble de 380 opérations. 160 757 m² sont en cours de labellisation par La Maison Passive France.
Si le passif est maintenant bien connu dans la construction neuve, il a aussi sa place dans les stratégies de rénovation[4]. Les opérations de rénovation énergétique poursuivent deux objectifs majeurs : la préservation de l’environnement et la maîtrise des dépenses énergétiques (ou des charges). La rénovation passive consiste à « épuiser le gisement », c’est-à-dire à optimiser les niveaux d’isolation de l’enveloppe des bâtiments, à valoriser les apports internes et solaires et à garantir un bon niveau d’étanchéité à l’air du bâtiment. Et, comme l’exprime si bien l’US Passive House, « We have the tools. We have the knowhow. We have the passion. We can do this ! »
Les caractéristiques du Label Bâtiment Passif « classique »
Besoin de chaleur pour le chauffage | ≤ 15 kWh par m² de surface de référence (proche de la surface habitable) |
Consommation d’énergie tous usages (chauffage, eau chaude, ventilation, appareils électriques) | ≤ 120 kWhep/m² exprimé en énergie primaire (ep) |
Étanchéité à l’air sous 50 Pa | N50 ≤ 0,60 volume/heure |
De nouveaux labels ont été récemment mis en place pour privilégier le choix des énergies renouvelables des bâtiments passifs (Labels Bâtiment Passif PLUS et PREMIUM), dans la perspective de la transition énergétique et de la lutte contre le réchauffement climatique.
[1] Philippe Outrequin, Charges locatives des logements sociaux passifs, mars 2021
[2] Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin, Maisons individuelles passives, édition Le Moniteur, 2019
[3] Dans le cadre de la lutte contre la pandémie, les collectivités locales font placer dans les écoles des capteurs de CO2 pour avertir des besoins d’aération. Dans les bâtiments passifs, la VMC double flux est fréquemment associée à un capteur de CO2 afin d’optimiser la qualité de l’air intérieur.
[4] Voir Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin, La réhabilitation énergétique des logements, édition Le Moniteur, septembre 2018, 330 pages